Chaque feuille, chaque fleur était couverte d'une cendre grise qui baignait la propriété abandonnée d'une lumière quasi sépulcrale. Des traces de pas marquaient la surface cendreuse du courts de tennis, comme si un joueur solitaire avait attendu là un adversaire absent après une brève chute de neige.
Une terrasse en marbre courait le long de la façade orientée vers la mer, jonchée de tuiles et de sections calcinées de pignons en bois. Des plantes en pot fleurissaient encore au milieu des chaises et des tables à tréteaux renversées. Une vaste piscine rectangulaire se dressait comme une citerne ornementale à côté de la terrasse, construite dans les années vingt, m'informa Hennessy, pour satisfaire les goûts du magnat andalou qui avait acquis la résidence. Des pilastres de marbre soutenaient la plate-forme du plongeoir et chacune des gargouilles était la bouche ouverte d'un poisson tenu par une paire de mains sculptées dans la pierre. Le dispositif d'épuration était silencieux ; des poutres détrempées, des bouteilles de vin, des gobelets en carton et un unique seau à glace vide flottaient à la surface de l'eau.

James Graham Ballard, La face cachée du soleil [1996], trad. Bernard Sigaud, Auch, Tristram, 2015, p. 49.