L'aménagement de cet étage était inachevé, seul le sauna avec son vestiaire et son séjour attenant — qu'on appellerait bientôt la "salle de détente" — était prêt à l'emploi. Mais tout cela était accessoire ; ce qui attira la fillette, ce fut tout autre chose : le trou destiné à être ultérieurement carrelé et transformé en piscine. Pour l'instant ce n'était qu'une cavité noire, brute, puante et assez humide. Debout au bord du trou, la petite contempla les sombres entrailles de la terre. Elle était brusquement envoutée par tout cela, le trou, le silence, la maison elle-même, tout.
Les voix à l'étage, maman, papa, se turent une fois de plus. Et Sandra comprit alors, tout à fait calmement et sans pathos, qu'elle resterait ici. Que la maison de la partie boueuse de la forêt était à elle, mais non comme une chose qu'on possède.
Comme un destin.
Monika Fagerholm, La fille américaine [2004], trad. Anna Gibson, Paris, Stock, Le Livre de Poche, 2007, p. 112.