Acconci n'a pas quitté subrepticement le système artistique, il l'a fait à travers un saut "potentiel" depuis l'espace de l'exposition Where We Are Now (Who Are We Anyway ?) (1976). Ce travail, qui fait partie du groupe d'œuvres Cultural Space Pieces se veut une critique des institutions. Une table, flanquée de tabourets, semble prête à accueillir les visiteurs de l'exposition, mais se prolonge en même temps sous la forme d'un tremplin qui sort par une fenêtre. Une bande-son parle de défaillance, l'entrée, bloquée, de la galerie génère un lieu intime, celui de la "communauté artistique" dont l'artiste — rappelant ici le Saut dans le vide de Yves Klein en 1960 — ne peut s'échapper qu'en empruntant cette fenêtre. Le titre de l'œuvre, qui est programmatique, interpelle Acconci : "Puisqu'une galerie ou un espace muséal est un lieu où se rassemblent les gens, un tel espace peut être utilisé comme un lieu de réunion […] La galerie est utilisée comme une place publique. La question évidente est : pourquoi ne pas se rendre sur une véritable place publique ?[1]
Lilian Pfaff, "La construction est un texte. Vito Acconci / Acconci Studio-Architecture", in Vito Hannibal Acconci Studio, textes de Corinne Diserens, Vito Acconci, Yvonne Rainer, Chritsophe Wavelet, Thurston Moore, Sylvie Mokhtari, Liza Béar, Jean-Charles Massera, Lilian Pfaff, Musée des Beaux arts de Nantes / Museu d'Art Contemporani de Barcelona, 2004, p. 395.
[1] "Since a gallery or museum space is a place where people gather, that space can be used as a meeting place […] The gallery is used as a town square. The obvious question is : why not got to an actual town square ?", Vito Acconci, "Some Notes on Peopled Space" (1977), dans Frazer Ward (éd.), Vito Acconci, Londres, 2002, p. 103-105.