Une fois de plus, Andy Warhol est exemplaire. Ses Times Capsules, constituées des cartons dans lesquels il empilait tout ce qu'il lui passait entre les mains, associent à la ritualité du geste, un fétichisme du temps, le tout relié à sa personne, c'est-à-dire à sa légende, même si l'on y retrouve un rapport au temps et à soi qui excède les seuls personnages de légende. Dans tous les cas, et sans qu'il soit ici nécessaire de s'attarder sur cet aspect de la question, la collection est une composante majeure, sinon une condition, d'un processus d'attribution et de distribution de la valeur qui ne dépend pas des objets en tant que tels, mais d'une relation entre des objets et une personne : l'artiste, le collectionneur, qui doit lui-même jouir d'une aura particulière. Dans l'art du XXe siècle, et notamment dans l'art "contemporain", l'accent s'est déplacé des objets vers les processus, les gestes et les actes.
Jean-Pierre Cometti, La nouvelle aura, Économies de l'art et de la culture, Paris, Questions théoriques, collection Saggio Casino, 2016, p. 180.