En fabriquant ces groupes pendant quatre ans, Akeley élabora sa méthode du "mannequin", modelage en argile, moulage en plâtre, techniques de façonnage végétal ainsi que le système de production organisée. Il embaucha des ouvrières et des ouvriers à l'heure pour fabriquer les milliers de feuilles dont il avait besoin pour vêtir les arbres dans les scènes. Charles Abel Corwin peignait les toiles de fond à partir d'études faites dans les Iron Mountains du Michigan où les animaux avaient été collectés. Akeley breveta son processus de reconstitution végétale, mais il en donna les droits pour une utilisation gratuite au Field Museum de Chicago. Il autorisa la libre utilisation, dans le monde entier, de ses brevets des mannequins légers fabriqués à partir de carton-pâte résistant, réalisés à partir de modèles en argile et de moules en plâtre très précis. Dans le développement du Muséum, la coopération était pour Akeley une valeur fondamentale, il ne faisait pas beaucoup d'argent avec son artisanat et la survie économique lui était assurée par ses inventions.
Akeley continua tout au long de sa vie à améliorer sa technique de taxidermie et il enseigna à plusieurs autres personnages clés, parmi lesquels James Lipsitt Clark qui fut directeur des arts, de la préparation et de l'installation à l'American Museum après la mort d'Akeley quand l'African Hall fut enfin construit. Alors qu'Akeley travaillait seul pendant de longues heures, la taxidermie telle qu'il avait permis de la développer n'était pas un art solitaire. La taxidermie demande un système complexe de coordination et de division du travail, qui commence sur le terrain au moment de la chasse et qui culmine dans le diorama final.
Donna Haraway, "Le patriarcat de Teddy Bear : taxidermie dans le jardin d'Eden, New York, 1908-1936" in Manifeste cyborg et autres essais, trad. Nathalie Magnan, Paris, Exils éditeur, 2007, p. 169.