L'une des premières œuvres qu'il réalise en entrant à la Winbledon School of Art en 1969, est constituée d'une trame aléatoire de bouts de ficelles noués, disposée au travers de plusieurs pièces, recouvrant de nombreux objets figés dans une situation ordinaire. Par ce coup de filet, l'étudiant marque d'emblée son territoire : l'œuvre enregistre les configurations de la vie quotidienne, restituées au travers des objets domestiques immobilisés, un peu comme le ferait la photographie. En fixant une situation choisie comme exemplaire, au détriment de la création d'une situation extraordinaire, Cragg engage un processus qui détermine l'engagement de toute son œuvre ultérieure. Le phénomène de fossilisation des objets, perçus comme des images dérivées, images résiduelles de l'homme, qui diffère par sa nature organique du mécanisme de transfert de la photographie, va constituer une constante de son travail, au travers de toutes ses variations.

Catherine Grenier, Un homme a marché sur la lune, Tony Cragg, Musée national d'art moderne — Centre de création industrielle, Centre Georges Pompidou, Paris, 1995, textes de Catherine Grenier, Daniel Doutif, Bernard Blistène, Heinz-Norbert Jocks, Tony Cragg, p. 13.