Une première étape de ses recherches se concentre sur la reconnaissance des différentes traces d'usure, de frottement, de polissage ou d'emmanchement sur les outils de pierre. Cette étude porte non seulement sur les "outils" traditionnellement reconnus comme tels, mais aussi sur des éclats qui, souvent considérés comme des objets de rebut, révèlent à qui sait les lire des traces d'utilisation. Ces traces, il était essentiel de savoir les distinguer de celles dues aux causes naturelles, des marques accidentelles ou intentionnelles dues à l'Homme, des signes de submersion dans les rivières ou les sables du désert ; il fallait apprendre à les différencier des marques d'emmanchement ou du polissage laissé par la main qui tient l'outil, et surtout à repérer leur distribution par rapport à la forme globale de l'outil.

Claudine Cohen, La méthode de Zadig, La trace, le fossile, la preuve, Paris, Seuil, 2011, p. 256.