Le chemin commençait à grimper ; Lamas, heureux de prendre de l'exercice, allait à grandes enjambées, les épaules en avant. Fiedler le suivait, agile et souple comme un fox-terrier derrière son maître. Ils devaient marcher depuis plus d'une heure quand soudain, débouchant dans une clairière, le ciel leur apparut. Ils avaient atteint le sommet de la colline et dominaient un océan de sapin d'où émergeait çà et là les îlots des hêtres. Leamas entrevit la masse plate et sombre du rendez-vous de chasse, un peu au dessous de la crête opposée. Au centre de la clairière, à côté d'un tas de rondins et de cendres humides de feu de bois, se trouvait un banc grossier.
John Le Carré, L'espion qui venait du froid [1963], trad. Marcel Duhamel et Henri Robillot, Paris, Folio Gallimard, 1964, p. 174.