Sous l'impulsion de Pales fut mis au point à la fin des années 1970[1], un procédé de moulage des empreintes par estampage au silicone, visant à restituer les sols sans les dégrader. "Nous avons adapté aux sols et aux parois le moulage avec élastomères de synthèse : la trace la plus ténue peut désormais être enregistrée, sans dommage aucun, grâce à une méthode à la fois précise et fidèle"[2], écrivent Michel Garcia et Henry Duday, présentant cette technique de moulage non destructive et exhaustive, qui put dès lors fonder un nouveau type d'étude. Le moulage de l'empreinte offre, en volume, la réalité du corps ou de l'objet. Appliqué à de larges surfaces, il donne une idée précise des actions sur les sols[3]. À côté de l'empreinte statique qui livre les traces d'une partie anatomique ou d'un objet, d'autres empreintes, dynamiques, révèlent les actions réalisées et la forme des objets manipulés. La démarche de l'individu révélée par ses empreintes traduit souvent son occupation, les traces de ses mains révèlent son activité de fabrication ou de jeu. Et si le préhistorien doit renoncer à trouver des matières périssables et se contenter des cailloux et des os, il peut espérer découvrir des empreintes de morceaux de bois, de manches de haches, de hampes de flèches ou de poteaux, qui lui permettront de reconstituer la vie quotidienne, les activités, l'habitat des Hommes préhistoriques. Ainsi, des trous de poteaux découverts de part et d'autre d'un foyer suggèrent des techniques particulières de cuisson ou de fumage des viandes.

Claudine Cohen, La méthode de Zadig, La trace, le fossile, la preuve, Paris, Seuil, 2011, p. 92.

[1] M. Garcia, "Les silicones élastomères RTV appliqués aux relevés des vestiges préhistoriques (art, empreintes humaines et animales)", L'Anthropologie, 1979, t. 83, n°1 et 2, p. 5-42.
[2] Henri Duday et Michel Garcia, "Les empreintes de l'Homme préhistorique. La grotte du Pech Merle à Cabrerets (Lot) : une relecture significative des traces de pieds humains", Bulletin de la Société préhistorique française, 1983, p. 208-215.
[3] C. Cohen, "Pour une préhistoire du geste : Michel-A. Garcia, artiste plasticien et préhistorien", Alliage, Culture, science, technique, n°34, 1998, p. 23-30.