Morris place sa défense du design comme l'axe central de la transformation de la société. Il lui assigne comme rôle, au-delà de ses qualités intrinsèques, une dimension morale face à la culture industrielle dont l'objectif est d'infléchir autant le politique que le social.

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Ce bonheur repose sur une autre manière de considérer le rôle des arts décoratifs, qui d'arts mineurs doivent regagner le statut qui fut le leur avant que l'art et l'artisanat ne se scinde au XVIIIe siècle, donnant naissance à un mépris de l'utile, du banal et du public par les artistes dont la pratique figurait au sommet de la hiérarchie entre les arts, en reléguant l'artisanat à un savoir-faire techniciste. En mesurant l'état de précarité et de désagrégation des fondations sociales de l'art depuis la Renaissance, et plus particulièrement depuis la révolution industrielle, Morris, poursuivant les intuitions de ses prédécesseurs, s'engage dans la réalisation d'un environnement décent pour tous et tout le temps.

Alexandra Midal, Design, introduction à l'histoire d'une discipline, 2009, Paris, Pocket Univers Poche, p. 59-60.