La politisation du care ne suppose ainsi aucun retour à la comparaison patriarcale du corps politique comme une grande famille (on s'en est justement débarrassée au XVIIe siècle), mais demande une prise en compte politique des interdépendances, au-delà des valeurs démocratiques habituellement perçues, comme le respect d'un certain nombre de droits et lois, d'un certain nombre de procédures sur lesquelles un accord est acquis. Tronto décline les dangers du care en différentes sortes de communautarismes : maternalisme, paternalisme et provincialisme sont bel et bien identifiés comme limites non démocratiques dangereuses d'une pensée insatisfaisante des liens d'interdépendance. La définition du bon care, par exemple, les standards du care, ne ressortiront que de l'interaction individuelle, et non de quelque autorité préalable (communauté religieuse, pater familias, mère) : le principe démocratique est réaffirmé, des voix individuelles comme origine de la chose publique.
Layla Raïd, Care et politique chez Joan Tronto in Qu'est ce que le care ?, Souci des autres, sensibilité, responsabilité, Pascale Molinier, Sandra Laugier, Patricia Paperman (dir.), Paris, Petite bibliothèque Payot, 2009, p. 85.