En revanche l'expérience de l'œuvre se fait nécessairement dans le temps. L'intention est diamétralement opposée à celle du Cubisme qui se préoccupe de présenter des vues simultanées sur un seul plan. Certaines de ses œuvres nouvelles ont élargi les limites de la sculpture en mettant davantage l'accent sur les conditions mêmes dans lesquelles certaines sortes d'objets sont vues. L'objet lui-même est soigneusement placé dans ces nouvelles conditions, pour n'être plus qu'un des termes de la relation. Il fallait rejeter l'objet plaisant pour les sens, riche de rapports internes serrés. S'il est vrai qu'il faut tenir compte de nombreuses considérations pour maintenir l'œuvre à sa place dans une situation élargie, cela ne dénote pas un manque d'intérêt pour l'objet proprement dit. Mais ce qui importe à présent, c'est de parvenir à un contrôle accru de la situation toute entière et/ou à une meilleure coordination. Ce contrôle est nécessaire, si l'on veut que les variables objet, lumière, espace et corps humain, puissent fonctionner. L'objet proprement dit n'est pas devenu moins important. Simplement, il n'est plus suffisant à lui seul.
Robert Morris, "Notes on sculpture" in Regards sur l'art américain des années soixante, Clement Greenberg, Leo Steinberg, Barbara Rose, Don Judd et Frank Stella, Robert Morris, Mel Bochner, Robert Pincus-Witten, Rosalind Krauss, anthologie critique établie par Claude Gintz, Paris, Éditions Territoires, 1979, p. 90.