En y repensant plus tard, elle ne pourrait trouver de meilleure explication à sa décision de se rendre au belvédère. Celui-ci avait été passé au peigne fin par la police. Miss Silver l'avait elle-même visité dès son arrivée. Toute trace du drame avait disparu. Pourtant, immobile sur le seuil, elle scruta l'intérieur avec autant d'attention que si elle s'y trouvait pour la première fois. La structure était en brique et en stuc ; la porte, le plancher, les boiseries des fenêtres et les lambris étaient en chêne. L'exécution était excellente et la menuiserie avait vaillamment résisté à l'épreuve du temps. Quatre fenêtres vitrées, encadrant la porte, offraient une large vue sur l'extérieur. À l'époque où les seuls bâtiments visibles étaient un cottage rustique ou une lointaine métairie, le tableau devait être véritablement idyllique.
Une table occupait le centre de la pièce. Un banc massif était accolé contre le mur opposé à la porte, et des transats beaucoup plus modernes étaient empilés sur le côté. Le sol avait été balayé après que l'on eut emporté le corps de la victime.
Miss Silver fit quelques pas à l'intérieur et alluma sa lampe. Bien qu'il fît encore jour, le belvédère recelait des coins d'ombre, surtout sous les fenêtres et le banc qui projetait sur le plancher sa lourde silhouette.
Patricia Wentworth, Le belvédère [1958], trad. Corine Derblum, Paris, 10/18, 1997, p. 203.