Le lundi matin, un charpentier vint enlever le plancher du belvédère, de solides lames de chêne qui avaient résisté au passage de maintes générations, puisqu'elles avaient été posées vers 1750 sur l'ordre de Mr. Henry Warren, riche brasseur de son état. Celui-ci ne pouvait prévoir alors que, trente ans plus tard, averti de source sûre que des violences se tramaient contre les catholiques, il se rendrait dans le belvédère en secret, sous le couvert de la nuit. Ni qu'il soulèverait la lame la plus proche du mur, oû la mise en place d'un banc en chêne massif n'était encore qu'un projet, dans le but de dissimuler un service de vaisselle d'or qu'il ne possédait pas encore, ainsi que les bijoux et les colifichets de sa défunte épouse, alors en pleine santé. Pourtant, bien qu'il lui eût été impossible de le pressentir, la forme octogonale du belvédère et l'espace vide sous le plancher se prêtaient à un tel dessein.

Patricia Wentworth, Le belvédère [1958], trad. Corine Derblum, Paris, 10/18, 1997, p. 313.