Tel est l'objet ancien, qui revêt toujours, au sein de l'environnement, une valeur d'embryon, de cellule mère. À travers lui l'être dispersé s'identifie à la situation originale et idéale de l'embryon, il involue vers la situation microcosmique et centrale de l'être avant sa naissance. Ces objets fétichisés ne sont donc pas des accessoires ni seulement des signes culturels parmi d'autres : ils symbolisent une transcendance intérieure, le phantasme d'un cœur de réalité dont vit toute conscience mythologique, toute conscience individuelle — phantasme de la projection d'un détail qui soit l'équivalent du moi autour duquel s'organise le reste du monde.
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Symbolique du schème d'inscription de la valeur dans un cercle fermé et dans un temps parfait, l'objet mythologique n'est plus un discours aux autres, mais bien à soi-même. Iles et légendes, ces objets renvoient, en deçà du temps, l'homme à son enfance, sinon à une antériorité plus profonde encore, celle d'une pré-naissance où la subjectivité pure se métamorphosait librement dans l'ambiance, et où cette ambiance ne fut que le discours parfait de l'être lui-même.
Jean Baudrillard, Le système des objets, Paris, Gallimard, 1968, p. 112-113.