Les volumes sont à la fois pleins et vides. Tantôt comme des bornes le long d'un chemin, tantôt des espaces enfermés, couverts ou à ciel ouvert. Dans le cloître, par exemple, nous avons conscience d'un volume d'air, et de lumière enchâssé dans les pierres : arcades, colonnes, murs. Ces deux sensations vivent ensemble avec leurs trois dimensions et leurs mouvements. Le moule est de pierre, le sujet dégagé sera air et lumière ; ils ne peuvent se passer l'un de l'autre, et nous nous devons de les imaginer ensemble. Au cours de notre promenade dans le jardin nous verrons couler comme un cristal liquide cet atmosphère, nous la verrons pénétrer, remplir les galeries jusqu'au sommet des voûtes, épouser toutes les formes jusqu'au faîte des toitures et se perdre dans le ciel. Après ils seront tous deux volumes, l'un impénétrable, l'autre fluide et transparent. Liés par la même peau, leurs mouvements seront communs.
Fernand Pouillon, Les pierres sauvages, Paris, Seuil, 1964, p. 118-119.