L'objet de la Fondation est la conservation de mon œuvre et de celle d'autres artistes dans des espaces que je considère adaptés. Cet effort n'est subordonné qu'à celui de la conception des œuvres. Ces préoccupations se sont graduellement rejointes et tendent toutes deux vers l'architecture.
L'installation de mon travail et de celui d'autres coexiste avec sa création même. L'œuvre n'est pas spatialement, socialement, temporellement désincarnée, comme dans la plupart des musées. L'environnement joue un rôle essentiel dans mon travail : l'installation suscite autant de réflexion que l'œuvre elle-même.
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Mon travail, comme celui d'autres artistes, est souvent mal présenté et toujours trop brièvement. Il faut bien qu'il existe quelque part un endroit où l'installation soit bien faite et permanente. Cela veut dire, évidemment, que les musées ne remplissent pas leur rôle. Mes installations, et l'architecture qui les abrite, ont pour but essentiel la défense de mon travail. L'art visuel, spatial, ne peut se réduire à la performance.
Donald Judd, Pour défendre mon travail, décembre 1977, in Écrits 1963-1990, trad. Annie Perez, Paris, Daniel Lelong éditeur, 1991, p. 68.