Disqualification sociale et disqualification morale forment un cercle vicieux, verrouillant la possibilité de reconnaître l'importance de ces activités. "Un cercle vicieux s'instaure ici : le care est sans valeur et les gens qui le mettent en œuvre sont dévalorisés. Non seulement les positions sociales occupées par ces personnes correspondent à des rémunérations faibles et des emplois peu prestigieux, mais aussi leur proximité avec les corps abaisse encore leur valeur — au sens où ce qui est socialement impur et réprouvé est souvent rapporter à des fonctions corporelles [1]." Ou encore, comme le dit Evelyn Nakano Glenn : "Une société qui donnerait toute sa valeur au care ne serait pas seulement une société plus agréable et plus gentille, mais surtout une société plus juste et égalitaire [2]."
Patricia Paperman, D'une voix discordante : désentimentaliser le care, démoraliser l'éthique in Qu'est ce que le care ?, Souci des autres, sensibilité, responsabilité, Pascale Molinier, Sandra Laugier, Patricia Paperman (dir.), Paris, Petite bibliothèque Payot, 2009, p. 109.
[1] Joan Tronto, Moral Boundaries. A Political Argument for an Ethic Care, New York, Routledge, 1993 ; trad. fr. Un monde vulnérable. Pour une éthique du care, Paris, La Découverte, 2009, p. 114.
[2] Evelyn Nakano Glenn, "Creating a caring society", Contemporary Sociology, vol. 29, n°6, janvier 2000, p. 84.