Dernièrement on a dû casser le sol de La cuisine — ici en France, à Neauphle — pour faire une marche supplémentaire. La maison s'enfonce. C'est une très vieille maison qui est près d'un étang, la terre est meuble et très humide et la maison s'enfonce peu à peu, ça fait que la première marche de l'escalier était devenue trop haute, fatigante. Le maçon a dû creuser un trou pour retrouver la partie empierrée, elle allait en descendant, on a creusé encore ça descendait toujours, très fort, mais vers quoi ? C'était quoi ? La maison était construite sur quoi ? On a arrêté de creuser, d'aller voir. On a refermé. On a cimenté. On a fait la marche supplémentaire.
Marguerite Duras, La maison, La vie matérielle [1987], Paris, Folio Gallimard, 1994, p. 78-79.