Le fait que la production artistique s'accomplisse et se matérialise dans des objets, auxquels nous attribuons un statut particulier et un sens susceptibles de se transmettre en héritage, a contribué à leur assurer cette durée, cette permanence, bien au-delà du temps et des générations qui les ont vus naître. Cette particularité n'est certes pas propre à l'art, et probablement ne l'a-t-elle jamais été ; elle vaut pour toutes sortes de choses dont la qualité propre, l'aura, finisse par excéder les usages qui s'y rapportent dans des circonstances données, à un moment donné. Elle n'en est pas moins ancrée dans notre esprit, même si elle s'incarne de manière privilégiée dans un certain type d'œuvres et de productions : les œuvres gravées ou peintes ou sculptées, plus que dans celles qui réclament un temps supplémentaire, celui de l'exécution et de la réitération.
Jean-Pierre Cometti, La nouvelle aura, Économies de l'art et de la culture, Paris, Questions théoriques, collection Saggio Casino, 2016, p. 72.