Les réformes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, en particulier la promulgation des Married Women's Property Acts et des Married Women's Earning Acts [1] accordèrent aux femmes le droit de contracter et de posséder en propre les revenus tirés du travail effectué dans le cadre de ces contrats. Toutefois, ces lois n'ont pas été — et ne sont toujours pas — interprétées comme une remise en cause du droit du mari à bénéficier des services de sa femme. Ainsi, par exemple, des contrats privés dans lesquels des maris accordaient à leurs femmes une part ou la totalité des revenus de leurs propriétés, en échange du pourvoi prolongé et exceptionnel de soins de type infirmier, ont été déclarés nuls, parce que les femmes sont, par le lien conjugal qui les attache à leur mari, obligées de fournir ces soins. De plus, aujourd'hui encore, dans le cadre de Medicaid [2], des allocations sont accordées aux assurés âgés et dépendants afin de les aider à payer des personnes pour prendre soin d'eux, mais seulement à condition que ces personnes soient des étrangers, des amis ou des parents éloignés ; leurs épouses et leurs parents proches ne peuvent donc recevoir aucune rémunération pour les soins fournis, dans la mesure où ils y sont tenus en raison de leur lien familial.
Evelyn Nakano Glenn, Le travail forcé : citoyenneté, obligation statutaire et assignation des femmes au care in Qu'est ce que le care ?, Souci des autres, sensibilité, responsabilité, Pascale Molinier, Sandra Laugier, Patricia Paperman (dir.), trad. Séverine Sofio, Paris, Petite bibliothèque Payot, 2009, p. 120-121.
[1] Il s'agit des lois promulguées dans les années 1880 en Grande-Bretagne, relatives au droit des femmes mariées à acquérir des biens et à en disposer (NdT).
[2] Medicaid est le programme d'assurance maladie créé aux États-Unis dans les années 1960. Financé conjointement par les États et le gouvernement fédéral, Medicaid concerne surtout les individus et les familles pauvres (NdT).