Les objets qui sont dans la maison, autour de l'homme, ne sont jamais des instruments complètement fonctionnels, mais doivent plutôt être compris comme des présences amicales, des porte-bonheur, donc comme des animaux domestiques qui vivent autour de l'homme, pour ces mêmes raisons.
— Vous dites à leur propos, à propos de ces objets, qu'ils sont effectivement "domestiques" et non pas "apprivoisés". Qu'est-ce que cela veut dire pour vous exactement ?
— Cela veut dire que la relation entre l'homme et ces objets se réalise également sur un plan symbolique, affectif, littéraire, et aussi un peu mystérieux. Ce n'est pas exactement compréhensible. Comment définir la relation entre un homme, un siège, un vase… ? C'est toujours quelque chose qui appartient à l'autobiographie, au mystère des liaisons entre l'homme et l'univers inanimé. Et dans les objets qu'on a trouvés à Pompéï, on voit exactement cette idée, exactement représentée : les sièges ont les pieds d'un animal, la tête d'un lion… C'est à dire que les Romains pensent que ces objets ont une âme et une vitalité autonome.
Transmission#1 Andrea Branzi, entretien avec Catherine Geel, Paris / Saint-Étienne, co-éditions La Cité du Design / Les éditions de l'Amateur / France Culture, 2006, p. 56-57.