Il faut aussi que nous soyons conscients de nos propres limites, à savoir, dans un certain sens de sa nature fractale en tant qu'individu. Nous ne pouvons plus avoir la prétention humaniste de concentrer dans notre subjectivité exclusive la totalité du savoir, de la conscience. Nous sommes des individus particuliers, tout à fait différents les uns des autres, il ne faut absolument pas perdre le sens de cette différence, mais nous ne réussissons à vivre et à être dans la complexité qu'en tenant compte des autres, en agissant en interaction avec eux. Sans cette interaction avec les autres, même si l'individu a une importante potentialité sémantique, celle-ci n'a que peu de valeur, elle demeure inexprimée, elle reste pour ainsi dire virtuelle au sens ancien du mot, à savoir "en puissance".
Piero Gilardi, "Dialogue avec Carlo Terrosi", Turin, 1998, Texte paru dans Arte-It n°0 Bologna, 1999, in Not for sale, À la recherche de l'art relationnel 1982-2000, Dijon, Les presses du réel, 2002, p. 93.