J'en conviens. J'ai eu moi-même les plus grandes difficultés à croire ce que j'avais sous les yeux. Je me suis demandé si je n'allais pas avoir une attaque. Tony perdait du sang par le nez, par les yeux, par les oreilles. Les types se sont précipités en jurant, ils ont redressé le piano qui s'était une peu démantibulé sous le choc mais Tony était déjà mort.
Sur le coup, je me suis assis, je me suis laissé choir sur les marches du perron tandis que les livreurs s'affairaient autour du corps sans oser y toucher. Je me suis tenu à la rampe.
Philippe Djian, Love Song, Paris, Gallimard, 2013, p. 62-63.