Mais au fait, pourquoi s'allonge-t-on constamment, dans les installations de Franz West ? Celui-ci raconte qu'il a pour habitude de rester au lit, dans une pièce sombre, sans bouger, afin de se détacher de ses "habitudes artistiques". Il existe bel et bien un fond méditatif, voire contemplatif, dans cette œuvre qui se donne à l'usage. Et même, une forte résistance au mouvement auquel nous contraint la vie matérielle. Si les Paßstücke sont décrits par leur auteur comme des "moteurs pour le mouvement", ce mouvement est à caractère hypnotique. Nos gestes quotidiens s'inscrivent, dans une très grande proportion, à l'intérieur d'une sorte de chaîne de montage comportementale ; il y a un robot en nous, que l'œuvre de West cherche à secouer. On exécute des gestes bizarres, induits par un objet en plâtre, et puis l'on fait la sieste.

Nicolas Bourriaud, "L'art de la passe/co-présence, disponibilité et usage dans l'œuvre de Franz West" in Franz West, co-édition Villa Arson et Le collège/FRAC Champagne-Ardenne, 1997, p. 6.