Le corbillard lui-même était suivi de quatre limousines rallongées, noires, aux vitres teintées, et précédé, après les sonneurs de cornemuse et une escouade de motards porteurs de drapeaux (ceux de la police, de la Navy, dans laquelle Gates avait servi pendant la guerre, de la Californie et des États-Unis), par un groupe de quatre cavaliers, en uniforme, derrière lesquels s'avançait, solitaire, un cheval démonté, mais sellé et harnaché, comme s'il venait de désarçonner son cavalier. (Et ce cheval démonté était à mon avis le détail le plus réussi de cette mise en scène, et le seul qui fût susceptible, parce qu'il rendait en quelque sorte la mort présente, d'émouvoir presque jusqu'aux larmes l'être le plus insensible, comme je l'étais moi-même, au sort funeste de Daryl Gates.)

Jean Rolin, Le Ravissement de Britney Spears, Paris, P.O.L, 2011, p. 133.