C'était brusquement, semblait-il, dans un mouvement précipité que la vie avait quitté les lieux, abandonnant les choses d'une seconde à l'autre pour les laisser s'empoussiérer, se figer à jamais derrière des volets vite refermés. On voyait qu'un livre au dernier moment, on voyait qu'un bol, un coussin s'étaient provisoirement déplacés, transférés sur une desserte, un rayonnage, le bras d'un canapé, soi-disant pour quelques minutes, de fait pour l'éternité.
Jean Echenoz, Un an [1997] Paris, Les éditions de minuit Mdouble, 2014, p. 14-15