Que vise donc l'urgence de la mémoire, si ce n'est, tout à la fois, le désir de l'éternel retour et l'éternel retour du désir ? "Dans le passé il y a tout notre avenir", écrit encore Parmiggiani[1]. Non pas le passé du retour au même ou du retour aux sources — rien de tout cela n'existe à proprement parler —, mais le passé qui se présente, qui resurgit, le passé de la répétition comme différence, selon l'analyse magistrale que Gilles Deleuze a pu donner de l'éternel retour nietzschéen comme de la répétition freudienne[2].
Georges Didi-Huberman, Génie du non-lieu, Air, poussière, empreinte, hantise, Paris, Les éditions de minuit, 2001, p. 42-43
[1] C. Parmiggiani, "Étoile Sang Esprit. Entretien avec Elisabetta Mondello", Claudio Parmiggiani : Livre d'heures. Dessins de projets, Genève-Milan, MAMCO-Mazotta, 1996, p. 202-203.
[2] G. Deleuze, Différence et répétition, Paris, PUF, 1968, p. 7-168.