Toon grimaça devant l'agencement des consonnes et referma le journal qu'il tendit à Justine. Assise sur son banc, la jeune femme eut un réflexe de recul. Toon grimaça derechef.
— Vous le tenez bien comme ça, dit-il, la première page vers moi. Vous ne bougez pas.
Elle se trouvait reliée, par une chaîne légère en solide plastique blanc, à ce petit banc scellé au milieu de la pièce ronde, haute de plafond, d'ailleurs on ne voyait pas le plafond ; par terre c'était en ciment brut. Nul mobilier sauf le matelas, nulle fenètre, rien ne paraissait prévu pour le renouvellement de l'air. Sur le sol deux brûleurs sous globe, nourris de butane, lâchaient du blanc.

Jean Echenoz, L'équipée malaise, Paris, Mdouble Les éditions de minuit, 1986-1999, p. 229.