Ce n'était pas un passage mais un trou circulaire dans le rocher, un puits étroit dont on ne distinguait pas le fond. Ils prirent place autour du trou, Guilvinec se mit à plat ventre et plongea sa tête à l'intérieur. Il la sortit, déclara qu'on y voyait rien. Regarde encore, dit Crémieux. Guilvinec enfonça encore sa tête un bon moment dans le trou, puis la ressortit et dit que si, qu'on voyait quelque chose. Son visage était écarlate, on ne distinguait plus les veinules du reste de son tégument. Presque rien, nuança-t-il, une vague clarté au fond.

Jean Echenoz, Cherokee [1983], Paris, Les éditions de Minuit Mdouble, 2003, p. 216.