La sculpture contemporaine semble véritablement obsédée par l'idée de passage, que l'on trouve aussi bien dans le Corridor de Nauman, dans le Labyrinth de Morris, dans le Shift de Serra que dans Spiral Jetty. Ces images de passage accomplissent la mutation inaugurée par Rodin : elles transforment la sculpture, médium statique et idéalisé, en un médium temporel et matériel. Elles placent le spectateur comme l'artiste dans une attitude d'humilité élémentaire face à la sculpture (et au monde), et nous permettent de saisir la profonde réciprocité qui nous lie — artistes et spectateurs — à l'œuvre.

Rosalind Krauss, Passages, une histoire de la sculpture de Rodin à Smithson [1977], trad. Claire Brunet, Paris, Macula, 1997, p. 294.