À droite de la main qui écrit ceci s'étend d'abord une terrasse en carreaux de pierre synthétique grenue dont la rambarde est constituée d'une succession de plaques de Plexiglas, au travers desquelles on distingue la partie basse du panorama qui chevauche une rampe en aluminium. La terrasse domine une vaste pelouse triangle en pente douce, se poursuivant à partir de son côté inférieur par une déclivité plus abrupte, presque un à-pic borné par un bosquet de chênes verts en contrebas duquel, par vent favorable, un torrent invisible donne des nouvelles assourdies de son cours. L'à-pic se prolonge donc par un creux que l'on pourrait qualifier de sillon, de canyon ou plus simplement de ravin. Va pour ravin.
Jean Echenoz, "Caprice de la reine" in Caprice de la reine, Paris, Les Éditions de Minuit, 2014, p. 19-20.