— Tu as raison, il vaut mieux que tu ailles lui parler seule. Je t'attendrai dans la cafétéria.
— Dans ce cas, faisons rapidement le point sur ce que nous voulons apprendre.
Ils s'assirent sur un banc devant la station de taxis.
(…)
Wallander entra dans la cafétéria, mais il changea d'avis et rebroussa chemin pour retourner s'asseoir sur le banc, devant l'arrêt des taxis. Avec son pied, il continua à agrandir la petite colline de gravier qu'Ann-Britt avait commencée. Il songea une fois de plus à son idée de la veille. Il fut interrompu par la sonnerie du téléphone dans sa poche. C'était Hanson qui semblait très excité.
(…)
Il ne sut jamais si Hanson avait compris sa tentative ironique. Il posa le téléphone portable sur le banc et regarda un moineau perché en équilibre sur le bord d'une poubelle municipale. Cela faisait déjà trente minutes qu'Ann-Britt était partie. Il ferma les yeux et tendit son visage au soleil. Il essaya de trouver comment annoncer les choses à Baïba. Un homme avec une jambe dans le plâtre fit un petit bruit sec en s'asseyant sur le banc. Wallander garda le visage tourné vers le soleil. Au bout de cinq minutes, un taxi arriva. L'homme à la jambe de plâtre disparut. Wallander fit quelques allers et retours devant l'entrée de l'hôpital. Puis il se rassit. Il s'était écoulé une heure.
Ann-Britt Höglund sortit de l'hôpital au bout d'une heure et cinq minutes, et s'assit à côté de lui sur le banc. Il pu deviner à l'expression de son visage comment ça s'était passé.
Henning Mankell, Le guerrier solitaire [1995], Paris, trad. Christofer Bjurström, Points Policier Seuil, 1999, p. 417-419.