C'est que, si l'on y réfléchit bien, l'homme a du mal à supporter son ouverture absolue au monde. L'absence de limites lui saute à la gorge et l'étrangle fortement. C'est cette expérience douloureuse de l'abîme sans bord ni fond qui le pousse à refouler continuellement l'espace infini et à se calfeutrer derrière les barrières matérielles et symboliques de sa propre production artificielle. L'homme ne croît et ne prospère qu'à l'intérieur de limites qu'il a lui-même érigées comme autant de murs d'enceinte qui le protègent contre l'indétermination du dehors. Le parcage est la solution pratique à la crainte paralysante de l'Illimité.
Bruce Bégout, Le ParK, Paris, Allia, 2010, p. 37.