Grâce à l'argent amassé par les planteurs des Indes occidentales, l'Angleterre du XVIIIe siècle peut financer la culture naissante du goût, les galeries d'art et les cafés, lieux par excellence d'apprentissage de la civilité. Des barons coloniaux à l'instar de William Beckford, des plantocrates tels que Joseph Addison, Richard Steele ou Christopher Carrington assurent le patronage des institutions culturelles. Ils passent des commissions aux artistes, architectes et compositeurs. Civilité et consommation de produits de luxe allant de pair, le café, le sucre et les épices deviennent des ingrédients nécessaires à la vie de l'homme policé. Entre-temps, barons coloniaux et nababs indiens recyclent des fortunes mal acquises dans le but de se refaire une identité d'aristocrate [1].
Achille Mbembe, Politiques de l'inimitié, Paris, La Découverte, 2016, p. 30.
[1] Simon Gikandi, Slavery and the Culture of Taste, Princeston University Press, Princesston, 2015, p. 149.