On considérera les pots comme des formes vides. C'est bien ce qu'ils sont. Il ne s'agit pas ici de réduire un thème complexe à quelque chose d'aussi simple qu'un pot. Tout au contraire, il s'agit de voir phénoménologiquement la "forme pure" ; c'est alors précisément qu'on la verra comme un pot. En d'autres termes, la question du formel ne sera pas ici simplifiée ; bien plutôt la question du pot se fera-t-elle de plus en plus complexe. Le pot est ici un récipient, un instrument destiné à contenir et à conserver. C'est un instrument épistémologique (relevant de la théorie de la connaissance). Par exemple, je prends un pot vide et le tiens sous le robinet. Ce faisant, j'ai conféré un contenu au pot et une forme à l'eau ; et au lieu de couler de façon amorphe ; l'eau désormais informée par le pot est comprise dans ce dernier. C'est là un fait banal, mais pas une théorie de la connaissance ; et jusqu'ici, aucune théorie de l'information ne lui a réellement rendu justice.

Vilém Flusser, Choses et non-choses, esquisses phénoménologiques [1993], trad. Jean Mouchard, Rodez, éditions Jacqueline Chambon, 1996, p. 160.