Nous avions tant de douleur au cœur, de tant de mort et de honte, qu'il ne pouvait, frères, en tenir plus, dans ce monde que nous laissèrent nos grands-parents pour que nous continuons d'y vivre et d'y lutter. Si grandes étaient la douleur et la peine que c'en était trop pour les cœurs de certains qui se mirent à déborder, déversant leur peine et leur douleur dans d'autres cœurs, cœurs des plus vieux et des plus sages de nos villages, cœurs de jeunes hommes et femmes, tous courageux, cœurs d'enfants, jusqu'aux plus petits, et la douleur et la peine envahirent alors les cœurs des animaux et des plantes, le cour des pierres, et tout notre monde fut empli de peine et de douleur, le soleil et le vent ressentaient la peine et la douleur, et la terre ressentait la peine et la douleur. Tout était peine et douleur, tout était silence.

Comité clandestin révolutionnaire indigène — Commandement général de l'armée zapatiste de Libération nationale, Au conseil "500 ans de résistance indigène", 1er février, in Sous-commandant Marcos, Ya basta !, Les insurgés zapatistes racontent un an de révolte au Chiapas, tome 1, trad. Anatole Muchnick et Marina Urquidi, Paris, éditions Dagorno, 1996, p. 131.