Quant à Giacomo di Pietrantonio, je voudrais par contre lui exposer ma perplexité quant à son jugement à propos des résultats postmodernes du mouvement intellectuel se réclamant de la métaphore de "l'imagination au pouvoir". Il me semble que d'après lui, toutes les avant-gardes de notre siècle auraient participé de cette utopie, et que maintenant il s'agirait d'en accepter la réalisation concrète et possible, à savoir d'accepter la dissémination de l'esthétique dans la société, dans le contexte d'une économie culturelle démocratique des possibles.
Il est indéniable que depuis la moitié des années 70, les pratiques artistiques ont connu en même temps une expansion exceptionnelle et l'acceptation laïque des différences culturelles. Cependant, tout ceci s'est produit grâce à l'affirmation de l'autonomie de l'art, dont l'aspect positif est son décrochage par rapport aux systèmes idéologiques, mais qui exige aussi que l'on paie le prix de la scission de l'art de la dialectique sociale et des projets transformatifs.
Piero Gilardi, "Art et engagement", Turin, 1987, Texte paru dans Flash Art n°141, Milan, 1987,in Not for sale, À la recherche de l'art relationnel 1982-2000, Dijon, Les presses du réel, 2002, p. 64.