Paul Dumont était dans son jardin. Bien qu'il eût les moyens de s'offrir une équipe de paysagistes à demeure, il avait décidé de s'en occuper lui-même et y consacrait chaque jour quelques heures dans l'après midi, jusqu'au moment de l'apéritif qu'il prenait en compagnie de Sonia sur la terrasse, d'une manière un peu solennelle et en général vêtu de blanc. Mais il était encore en short lorsque nous nous sommes aperçus et, comme il se redressait derrière une haie impeccable et luxuriante avec l'air de vouloir échanger trois mots, j'ai ouvert ma vitre et me suis rangé sur le bas-côté en évitant de rayer sa barrière fraîchement peinte.
— Alors ? Qu'est-ce que ça dit ?
— Tout va bien, Paul. J'étais un peu nerveux, mais c'était exagéré.
Il a posé un pied sur la barrière et s'est accoudé à son genou.
Philippe Djian, Sainte-Bob [1998], Paris, Folio Gallimard, 2012, p. 53.