Elle manipulait la bague, debout au bord du bassin. Et paf sans crier gare, elle la laissa tomber. Au fond du trou terreux qui aurait dû être une piscine depuis longtemps. Et l'Ålandais, à nouveau en colère, la poussa dans le bassin afin qu'elle retrouve la bague.
Il retira l'échelle et s'en alla.
La mère dans le bassin, la fille aussi, dans un coin du sous-sol, sous l'escalier en spirale. La mère l'aperçut et la supplia d'apporter l'échelle. "Vite". Tout juste, Doris, tu avais raison, la petite fille ne fit rien du tout. Elle était comme pétrifiée. Somnambule à nouveau. Marchant dans son sommeil.
(…)
NAGE À PIED DEC. Et au cas où tu te demanderais encore ce que tu as vu un peu plus tard, quand tu es revenu.
La fille qui courait dans la piscine.
C'était bien Sandra. C'était moi.
De long en large de long en large. C'était un temps affreux, je le dis. Nage à pied sec dans la piscine sans eau. Il n'y avait plus rien alors.

Monika Fagerholm, La fille américaine [2004], trad. Anna Gibson, Paris, Stock, Le Livre de Poche, 2007, p. 609-610.