J'ai dit tout à l'heure que le statut social de l'écrivain était d'être un mage inspiré, irresponsable ; je pense que, enfin, ce statut social dans la bourgeoisie… je pense qu'à partir du moment où l'écrivain cesse de se revendiquer comme créateur, c'est-à-dire comme un monsieur siégeant dans les cieux et faisant descendre son inspiration jusqu'à terre, sans ce… enfin, en revendiquant seulement sa spontanéité, enfin, le privilège de l'écriture, quand il abandonne ce privilège et qu'il revendique le contrôle et la connaissance de ses moyens de production, je pense qu'il accomplit une certaine forme sociale de contestation.
Georges Perec, "Pouvoirs et limites du romancier français contemporain", Conférence prononcée le 5 mai 1967 à l'université de Warwick (Coventry, Angleterre), transcription de Leslie Hill, in Les choses [1965], 10/18, 2014, p. 164-165.