Les traces de doigts et les empreintes de mains ne sont pas rares sur les parois et les sols argileux des cavernes. Mais à côté des marques involontaires, on trouve plus souvent encore des images de mains dont les tracés intentionnels s'associent aux figurations de l'art pariétal.
Si les Hommes du Paléolithique n'ont guère représenté leurs visages dans leurs peintures ou leurs gravures, les figurations de leurs mains y abondent. Ces mains sont uniques ou en grand nombre, isolées ou mêlées à des représentations d'animaux. Dans la grotte de Gargas (Hautes-Pyrénées) le préhistorien Claude Barrière a relevé 326 figures de mains disséminées sur les parois et le plafond des grottes, cachées dans presque chaque recoin. Il s'agit toujours de mains négatives, dont le contour est cerné de rouge ou de noir par le pigment soufflé[1]. Beaucoup sont petites et semblent des mains d'adolescents ou d'enfants. Inscriptions des paumes indiquant la naissance des phalanges, mains au doigts entiers ou incomplets. Ces dernières paraissent mutilées, il manque une phalange, parfois un doigt entier. À Gargas, certains doigts semblent avoir été sectionnés sous la deuxième phalange, tandis que les pouces sont toujours intacts. Ces "mutilations" ont fait couler beaucoup d'encre.
Claudine Cohen, La méthode de Zadig, La trace, le fossile, la preuve, Paris, éditions du Seuil, 2011, p. 96
[1] Claude Barrière et Michel Suères ont fait expérimentalement la démonstration du soufflage d'une couleur liquide (un pigment mélangé à de l'eau) pour réaliser le contour des mains négatives à Gargas : voir "Les mains de Gargas", Les Dossiers d'archéologie, 178, 1993, p. 46-55.