La reconstitution d'un puzzle vise à faire surgir une image, à travers l'agencement des différentes pièces par leurs formes et par le dessin de leurs contours. De même, dans la reconstitution paléontologique, la capacité de rendre le tout d'un squelette exige la reconnaissance des formes osseuses et des limites des morceaux, elle requiert une certain exercice du regard pour reconnaître et agencer les formes en trois dimensions. Lorsque certaines pièces sont manquantes, on peut compléter le puzzle, "déduire" les fragments absents en se référant à la forme idéale de l'animal entier, au plan général qui en articule les différentes parties. Il est inutile dès lors d'en appeler à une finalité inscrite dans chacun des éléments de l'organisme : toutes les parties d'un squelette n'ont pas nécessairement un sens fonctionnel clairement identifiable.

Claudine Cohen, La méthode de Zadig, La trace, le fossile, la preuve, Paris, Seuil, 2011, p. 125.