Quant à nos habits civils, n'est-il pas affligeant de les voir revêtir, en grand, tant des héros équivoques, représentés avec leur redingotes de bronze et leurs pantalons de marbre ? N'est-il pas monstrueux de faire les honneurs de la statuaire monumentale à ces paquets de drap et de linge, à ces basques d'habits, à ces faux cols, à ces bottes, à ces formes informes ? Non, la sculpture n'est pas faite pour éterniser de pareilles choses, surtout quand à l'insignifiance elles joignent la laideur. (…)
Pour ceux que le génie désignerait l'apothéose, ils n'ont plus à figurer, au sommet de la colonne ou du monument qu'on leur élève, avec les habits qu'ils ont portés pendant leur vie. La gloire les a dépouillés du vêtement de leur pays et de leur temps pour les couvrir d'une simple draperie qui est, en quelque manière, le costume de l'immortalité.
Charles Blanc, Grammaire des arts du dessin, architecture, sculpture, peinture : jardins, gravure en pierres fines, gravure en médailles…, Paris, H. Laurens, 1908, p. 409-410.