Pour saisir le sens de ces nouvelles villes périphériques, sans centre ni délimitation précise, les "Edge cities" (J. Garreau), Las Vegas devient par conséquent un instrument extrêmement utile de compréhension, car elle a fait de la désorientation un patron d'organisation spatiale et urbaine. Dans cette mer de béton uniforme, elle a laissé s'épanouir des architectures thématiques et iconographiques qui créent des enclaves d'identification, des points de repères spatiaux, mais aussi temporels, mémoriels. Aussi n'est-il pas étonnant de voir également croître ces bâtiments allégoriques dans les espaces suburbains où toute distinction géographique traditionnelle s'estompe.
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"Une route peut devenir une ville, un bâtiment peut devenir un signe. De nulle part, on peut créer un quelque part. C'est là le génie de Las Vegas[1]."

Bruce Bégout, Monstre urbain…, in Zéropolis [2002], Paris, Allia, 2010, p. 106-107.

[1] Alan Hess, Viva Las Vegas, After Hours Architecture, San Fransisco, Chronicle Books, 1993, p. 123