Divertissement et recueillement se trouvent dans une opposition qui peut être formulée ainsi : celui qui se recueille devant l'œuvre d'art s'y abîme ; il entre dans l'œuvre comme le rapporte la légende sur un peintre chinois devant le spectacle de sa peinture achevée[1]. Au contraire, la masse distraite fait pénétrer en elle l'œuvre d'art. Ce phénomène se produit de la maniére la plus évidente avec les édifices.

Walter Benjamin, L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique [1936], trad. Lionel Duvoy, Paris, Allia, 2014, p. 86.

[1] Wu Tao-Tzu (680-740 av. J.C.). La légende rapporte en effet qu'ayant peint une porte sur le flanc d'une montagne, le peintre l'ouvrit d'un claquement de mains et y entra en invitant l'empereur à le suivre ; mais la porte se referme derrière Wu tao-Tzu, que l'on ne revit jamais.