Que l'on cesse de fabriquer ces montagnes de marchandises qui ne servent à rien ou ne sont utiles qu'aux esclaves et à leurs maîtres, et aussitôt, l'art servira à nouveau à déterminer quelles choses sont utiles et celles qu'il est inutile de fabriquer, puisque l'on ne devrait rien produire qui ne procure de plaisir au fabricant et à l'utilisateur, et que c'est ce plaisir de produire qui donne, entre les mains du travailleur, l'art. Ainsi, l'art servira à distinguer entre la peine perdue et le travail utile, alors qu'actuellement, on ne tient absolument pas compte du travail inutile, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire.
William Morris, "L'art en ploutocratie", in L'art et l'artisanat, trad. Thierry Gillyboeuf, Paris, éditions Payot&Rivages, 2011, p. 85-86.