Attention serait alors une traduction possible en français du terme care et de son sens éthique : il faut prêter attention à ces détails de la vie que nous négligeons (qui a nettoyé et rangé cette salle où nous sommes ? qui s'occupe des mes enfants en ce moment ?). Ce rapport du care à ce qui compte a été mis en évidence par Cavell à propos du cinéma et des films qui comptent pour nous. L'importance du cinéma, de tel ou tel moment d'un film, se trouve dans sa façon de faire émerger ce qui est important, ce qui compte. Le care se définirait à partir de cette attention spécifique à l'importance des "petites" choses et des moments, à la dissimulation inhérente de l'importance. Cette fragilité du réel et de l'expérience, pour parler comme Goffman, est propre à l'expérience ordinaire, "structurellement vulnérable".

Sandra Laugier, Le sujet du care : vulnérabilité et expression ordinaire in Qu'est ce que le care ?, Souci des autres, sensibilité, responsabilité, Pascale Molinier, Sandra Laugier, Patricia Paperman (dir.), trad. Séverine Sofio, Paris, Petite bibliothèque Payot, 2009, p. 173.