Les contours des objets n'étaient-ils pas, pour vous, dès le départ, des tracés qui vous conduisez à vous en dégager ?
Je dessinais. En dessinant l'objet, je l'éloignais peu à peu en gardant le contour : il me fallait pouvoir suggérer l'objet plein, sans le décrire. De sorte qu'il gagna un espace. Avec le temps, l'objet a éclaté. Dans une grande toile de 1955, présentée dans l'exposition Paris-Paris au Centre Pompidou, on s'aperçoit que les objets abordent l'espace, les formes s'éloignent, laissant leur place aux plans. Les plans eux aussi gagneront l'espace.
Silvia Baron Supervielle, Un été avec Geneviève Asse, Paris, L'échoppe, 1996, p. 57.