Les exemples que je viens de donner éclairent bien les pratiques d'atelier du gothique tardif : les sculpteurs travaillaient soit d'après des dessins exécutés par eux-mêmes ou faits à leur intention par des peintres et des dessinateurs, soit d'après des gravures qu'ils se procuraient dans le commerce. Ces gravures rassemblées dans l'atelier constituaient un répertoire de modèles prêts à être utilisés sans délai quand on en avait besoin.
La rupture dont j'ai fait état entre les loges des cathédrales et les ateliers privés n'empêche pas qu'il y ait une certaine continuité des unes aux autres. Les ateliers privés ont certainement hérité d'une grande partie des traditions antérieures, en sorte que les pratiques d'atelier de la fin du Moyen Âge éclairent celles qui étaient antérieurement en vigueur dans les loges des cathédrales.
Rudolf Wittkower, Qu'est-ce que la sculpture ? [1977], trad. Béatrice Bonne, Paris, Macula, 1995, p. 73.